Opkomend theatertalent in O-Congo en Burundi


In 2014 vond in Burundi het eerste theaterfestival plaats met de naam ‘Buja sans tabous’. Hiermee treedt het land in de voetsporen van haar buurland Congo (RDC) dat met haar gezelschap Taccems, initiatiefnemer van het toonaangevende ‘Ngomafestival’ in Kisangani, aantoont dat de Congolese culturele scene zich niet beperkt tot Kinshasa. Dit festival kreeg uitstraling tot in Burundi en Rwanda en wat volgde was een nieuwe dynamiek van deze discipline in de hele regio.

Het Ngomacentrum werd in 2007 gerecupereerd en gerenoveerd onder meer dankzij de financiële steun van Africalia en andere partners. In haar multidisciplinaire zaal vonden sinds haar creatie tientallen spektakels, concerten filmprojecties plaats. Sinds 2009 wordt hier jaarlijks in de maand april het Ngomafestival georganiseerd. Gezelschappen uit Bunya, Lubumbashi en Kisangani vinden hun weg hier naartoe. Sommige theaterstukken, Le serment d’hypocrite (Magloire Bolunda) en ‘Le bruit des os qui craquent’ gingen respectievelijk op nationale en internationale tournee, ook in België.

Vanuit dit centrum ondersteunde Africalia in 2013 vormingen georganiseerd voor de hele regio, waarbij ook delegaties van Burundi aanwezig waren. De deelnemers volgden een traject over projectplanning, budgettering en financieel beheer met als finaliteit professionalisering en verduurzaming van projecten. Deze vormingen stelden het Burundese gezelschap ‘Lampyre’ beter in staat om hun dossiers te schrijven en luidden het startschot in van hun eerste theaterfestival, georganiseerd tussen 6-9 februari 2014. Kenmerkend voor dit festival was de vrijheid van expressie, met een accent op taboethema’s als intolerantie, familiaal geweld, misbruik van albino’s en persvrijheid. Men organiseerde ook workshops over acteren en scenarioschrijven. Dit festival is een signaal aan de regio en doet dromen van professionele carrières en groeipotentieel.

Festivals stimuleren reeds bekendheid en verspreiding, maar lossen veel problemen inherent aan de productie en het verduurzamen van theaterstukken niet op. Financiering volstaat niet om stukken te laten toeren in de verschillende steden en op het platteland. Hoe kan men ervoor zorgen om minder afhankelijk te worden van externe financiering? Hoe moet men omgaan met het tekort aan organisatoren en aan managers? Professionalisme en perfectionering van theater is één zaak, maar men is er zich van bewust dat andere factoren ook moeten aangepakt worden om de inspanningen op vlak van vorming en opleiding niet teniet te doen.

Lees de hele artikel hier beneden (in het Frans): Le Théâtre circule à l’Est door Natacha Songore of klik hier om de artikel in pdf te downloaden.



Le Théâtre circule à l’Est

Deux représentations en 2014 au lieu des quatre habituelles à l’Institut français du Burundi pour la nouvelle pièce de théâtre ’’Edition spéciale’’ de la troupe Pili Pili. En cause, une programmation plus dense de l’Institut et des changements qui laissent les artistes locaux perplexes et quelques peu démunis. Il ne se trouve aucune autre salle de théâtre dans la capitale. ’’On répète deux mois pour deux jours de représentations’’ déplore le comédien Stanislas Kaburungu, responsable de la troupe Pili Pili. Freddy Sabimbona, comédien et président de la troupe Lampyre, connaît les mêmes difficultés. Mais, luttant malgré tout pour le développement du 9ème art, il vient de lancer le premier festival de théâtre du Burundi. Grâce à une exploitation judicieuse des espaces existants, le festival ’’Buja sans tabou’’ a programmé six pièces du Burundi mais aussi de la région. Cette initiative d’élargissement rejoint celle initiée par le groupe TACCEMS de Kisangani (RDC). Avec l’appui d’Africalia, TACCEMS a développé le projet Ngoma du Pôle Culturel Est. Visant initialement la décentralisation de la culture à l’Est du Congo, le festival de l’espace Ngoma ouvre une perspective régionale avec les capitales avoisinantes Bujumbura et Kigali.


Groupe Taccems - pole culturel est

 A l’Est de la RDC

Les villes congolaises Kisangani, Bunya, Isiro, Goma et Bukavu ont été choisies en 2011 pour le projet pilote porté par le groupe TACCEMS. ’’Le projet Ngoma répond au besoin de montrer que la scène culturelle ne se limite pas à Kinshasa. Il y a aussi des choses intéressantes qui se passent dans cette partie du pays et il faut les mettre en valeur’’ indique Olivier Maloba Banza, directeur artistique de l’espace culturel Ngoma et coordonnateur de projet Africalia. Ancien lieu public abandonné, l’espace a été mis en place par le groupe TACCEMS[i] avec l’appui financier et logistique de plusieurs partenaires : Africalia, Wallonie Bruxelles International, le théâtre de poche de Mons et le Ministère de la Culture et des Arts de la Province Orientale de la RDC.

Le bâtiment comporte une salle multidisciplinaire qui accueille, depuis son ouverture en 2007, des dizaines de spectacles, concerts et parfois des projections de films. L’espace a obtenu de la Coopération technique belge du matériel musical pour les orchestres. Le lieu abrite également depuis 2009 le festival de théâtre Ngoma qui se tient annuellement au mois d’avril. ’’Cela faisait vingt ans qu’il n’y avait plus de festival à Kisangani.’’ rappelle le directeur artistique. Outre la diffusion des spectacles, le festival favorise le réseautage. Les troupes phares ’’Rhinocéros Isiro’’, ’’OKAPI’’ de Bunya, ’’La seringue’’ de Lubumbashi au sud est, ’’PUM théâtre’’ et le ’’Théâtre des Amazulu’’ de Kisangani ont pu s’y produire à maintes reprises. La pièce engagée ’’Le serment d’hypocrite’’ de l’auteur émérite Magloire Bolunda a beaucoup circulé dans les différentes villes de la RDC. ’’Le bruit des os qui craquent’’ a connu quant à elle une diffusion internationale en Belgique, au Congo, au Rwanda et au Burundi. ’’Nous luttons pour la professionnalisation du secteur. Par ailleurs, les prestations des troupes que nous invitons au festival sont rémunérées et chaque acteur reçoit un perdiem durant son séjour’’ insiste Olivier Maloba Banza. Une formule à succès qui n’emporte pas moins son lot de conditions et d’enjeux importants.

Faire circuler les spectacles dans le réseau, trouver un marché pour les artistes et les spectacles, renforcer les formations, autant d’objectifs qu’il fallait planifier dans un projet bien défini. Car, outre un soutien financier, l’espace Ngoma bénéficie de la part d’Africalia d’un appui en formations. Du 22 au 27 juillet 2013, plusieurs participants du Pôle Culturel Est s’étaient donnés rendez-vous à Kisangani pour l’ébauche du projet Ngoma avec l’appui de l’expert belge Luc Ameye envoyé par Africalia. Il s’agissait principalement de la partie ’’littéraire’’ du document. Ils avaient également établi les grandes lignes budgétaires du projet. Stanislas Kaburungu et Bienvenu Niyongabo des troupes Pilipili et Lampyre représentaient Bujumbura.

Mais c’est en décembre 2013 à Bujumbura durant la formation ’’Mango’’ qu’Olivier Maloba et Joseph Mbelo, directeur administratif et financier de l’espace Ngoma, ont pu aborder l’aspect financier du projet. L’atelier auquel participait également le coordonnateur et l’assistante administrative du COPRODAC[ii], Eloge Nzeyimana et Laetitia Ntaconzobitandekuye, avait pour objectif principal de former les participants à négocier et satisfaire aux exigences financières des partenaires. La finalité était de les aider à corriger et à améliorer leur comptabilité, à maîtriser l’usage des documents comptables et à apprendre à les étoffer. Il était aussi d’importance de comprendre les méthodes de pérennisation des activités de l’association pour une amélioration de leur système de fonctionnement.

Tourner les festivals !

Après le festival Ngoma de Kisangani, un nouveau festival de théâtre ’’Buja sans tabou’’ organisé par la troupe Lampyre du Burundi s’est tenu du 6 au 9 février 2014 à Bujumbura. ’’Nous avions ce projet depuis un certain temps et l’appel à projet du ’’Prince Claus Fund’’ a été le déclencheur de cette nouvelle aventure’’ indique Freddy Sabimbona. Acteur aux multiples facettes[iii], Freddy est aussi un artiste engagé. La troupe Lampyre a proposé un festival de théâtre où l’expression libre avait une place prépondérante. ’’On aborde tous les sujets qui nous touchent et dont on ose pas souvent parler ou dont on ne parle pas assez’’, précise le jeune comédien. L’intolérance, les abus contre les albinos, les violences familiales, la liberté de la presse...

Dès sa première édition, le festival a ainsi marqué autant par son éclectisme que par son ouverture à la région. ’’Le tarmac des auteurs’’ de Kinshasa, la troupe de danse contemporaine ’’Amizero Dance Kompagnie’’ de Kigali, ’’Le théâtre de poche’’ de Bruxelles ont participé à la manifestation. ’’L’objectif ultime reste pour nous de montrer nos œuvres à un plus large public’’ mentionne le président du festival. Au programme également, quelques ateliers sur le jeu d’acteur et d’écriture ont été organisés. Avec ce nouveau festival, l’espoir de professionnalisation et d’agrandissement du réseau régional se concrétise pour la jeune troupe.

Entreprendre dans la durée

Mais à la problématique des tournées dans les villes et les campagnes du Burundi, l’invariable réponse des moyens financiers insuffisants semble flotter sur toutes les lèvres. ’’Les recettes perçues de nos représentations couvrent à peine les rafraîchissements des acteurs’’ avoue Stanislas Kaburungu. Comment éviter de tomber dans le piège des financements perpétuels ? Comment produire et multiplier les représentations ? Quelles stratégies emprunter ? Peu d’organisateurs de spectacles professionnels, pas de manageur de carrière. Rares sont les artistes qui réussissent à développer des compétences d’entrepreneur. La problématique de l’entreprenariat culturel demeure une épineuse question. On notera tout de même quelques initiatives très récentes comme la création de l’agence d’acteurs ITULIVES au Burundi. Mais lorsque le contexte n’offre pas beaucoup d’alternatives, l’intérêt du questionnement et de la remise en cause apparaît comme une évidence. Une interrogation urgente à laquelle les responsables de troupes de la région tentent de répondre avec plus ou moins de succès. Le TACCEMS de Kisangani dont les pièces ont beaucoup circulé en RDC connaît moins de difficultés que les troupes du Burundi. Mais si les festivals sont des opportunités de diffusion et de circulation, ils ne peuvent résoudre les difficultés inhérentes à la production et à la diffusion pérenne des spectacles.

En outre, d’aucuns s’accordent à reconnaître que la professionnalisation et le perfectionnement des comédiens passent par une pratique régulière de leur art. Les formations des acteurs et des scénaristes ne peuvent porter de fruits que si elles sont mises en pratique sur une base régulière. Conscients des défis qui jalonnent le chemin encore long du développement du théâtre dans la région, les acteurs du Pôle Culture Est s’apprêtent à poursuivre la réflexion et les échanges pour enfin trouver des solutions qui leur sont propres.

Natacha Songore

[i] Théâtre des Amazulu Centre de Création, d’Echanges et de Montage de Spectacles.

[ii] Collectif des Producteurs pour le Développement de l’Audiovisuel et du Cinéma au Burundi.

[iii] Comédien et acteur, Freddy a joué dans plusieurs films: ’’Na wewe’’[iii] d’Ivan Goldschmidt, ’’Le journal d’un coopérant’’ de Robert Morin, ’’Double je’’ de Seth Chase ou plus récemment ’’Welcome home’’[iii] de Joseph Ndayisenga.