Lancement de l’Année Européenne pour le Développement 2015 : débat « La culture, enjeu de la Coopération au Développement »


© Samantha Souris
Dans le cadre de la journée de lancement belge de l’Année Européenne pour le Développement 2015, un débat a réuni des professionnels de la culture et des représentants des pouvoirs publics belge et africain autour des grandes questions qui encadrent la place de la culture au sein de la coopération au développement. Quels sont les bénéfices que les pays du Sud comme du Nord peuvent en retirer tant au plan économique, social, éducatif qu’environnemental ? Quel rôle pour les créateurs et (...)

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Dans le cadre de la journée de lancement belge de l’Année Européenne pour le Développement 2015, un débat a réuni des professionnels de la culture et des représentants des pouvoirs publics belge et africain autour des grandes questions qui encadrent la place de la culture au sein de la coopération au développement. Quels sont les bénéfices que les pays du Sud comme du Nord peuvent en retirer tant au plan économique, social, éducatif qu’environnemental ? Quel rôle pour les créateurs et les artistes dans les sociétés du Sud : agents de changement ou gardiens du temple ?

Programme

« La culture, enjeu de la Coopération au Développement »

Rencontre sur la thématique « Culture et Développement »
dans le cadre de l’Année Européenne pour le Développement 2015

Bruxelles, samedi 17 janvier 2015
18h-20h

Lieu : Copper Hall, Square/Brussels Meeting Center, Mont des Arts, 1000 Bruxelles

16h30 Accueil des invités

17h45 >18h Allocutions d’ouverture :
-Sa Majesté la Reine des Belges
-M. Alexander De Croo, Vice-Premier Ministre et Ministre de la Coopération au Développement

18h >18h30 La diversité culturelle : un repère pour mieux vivre demain
-M. Klaus Rudischhauser, Directeur Général adjoint à la DG du Développement et de la Coopération – Europe-Aid
-M. Pérez de Armiñán, Sous-Directeur Général pour la culture de l’UNESCO
-M. Frédéric Jacquemin, Directeur d’Africalia, Belgique

18h30 >20h L’engagement pour les Arts et la Culture dans les pays du Sud : quelques Success Stories
Les Arts et les artistes : moteurs du débat démocratique et de la liberté d’expression
-M. Aadel Essaadani, Président d’Arterial Network, urbaniste, scénographe, Maroc
-M. Étienne Minoungou, Président du Cartel, comédien, dramaturge, Burkina Faso

L’investissement des pouvoirs publics dans l’économie créative
-Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo, Ministre de la Culture, Mali
-M. Mário Lúcio Sousa, Ministre de la Culture, Cap-Vert

Culture et territoires : son rôle dans les villes et les collectivités locales
-M. Babacar Sarr, Président du Festival de folklore et de Percussions de Louga, Sénégal
-M. Jordi Pascual, Coordinateur de l’Agenda 21 pour la Culture, Espagne

20h Conclusions, synthèses
20h15 >21h30 Réception au Foyer Delvaux/Magritte

Le débat a été modéré par M. Gie Goris, journaliste belge et rédacteur en chef du MO* Magazine.
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Synthèse de la rencontre (par Gie Goris et Frédéric Jacquemin)

Dans le cadre du lancement de l’Année Européenne pour le Développement 2015, un débat a été organisé le 17 janvier, en présence de Sa Majesté la Reine des Belges et de M. Alexander De Croo, Vice-Premier Ministre et Ministre de la Coopération au Développement.

Cet événement a rassemblé des professionnels du secteur culturel et des représentants des gouvernements belges et africains sur les questions de la place occupée par la culture dans la coopération au développement. Le débat a été organisé par Africalia Belgium avec le soutien de la Direction Générale Coopération au Développement du Ministère de la Coopération au Développement de Belgique et de la Commission Européenne.

Les échanges fructueux de la soirée ont été animés par M. Gie Goris, journaliste belge et rédacteur en chef de MO* Magazine, et ont été synthétisés de la manière suivante :

Tout d’abord, la date et le contexte dans lequel nous nous réunissons pour réfléchir sur l’importance de la culture pour le développement humain sont investis d’une signification et d’une urgence particulières. La diversité culturelle ainsi que la création culturelle sont soumis à une pression croissante, voire même à un assaut mortel. Heureusement, les citoyens et artistes refusent de se laisser intimider. Ils se mobilisent par million pour penser et agir librement, ils créent de la beauté là où la misère veut dominer, ils rêvent de leur propre avenir et de tracer leur voie vers le bonheur là où seulement la pauvreté et l’ignorance sont censés régner.

Les échanges de ce soir m’ont rappelé les paroles de la cinéaste malgache Marie-Clémence Paez : " Limiter l’aide à la sécurité alimentaire et à l’accès aux soins de santé revient à traiter les personnes comme du bétail. Les vaches ont seulement besoin de pâturages, d’eau et d’être vaccinés contre des maladies. La culture est essentielle, elle nous rappelle que nous sommes tous des êtres humains et que nos besoins ne peuvent être réduits à combler notre estomac ".

Il est extrêmement difficile de résumer ces échanges d’idées, d’expériences et de défis si riches. Toutefois, nous retenons quelques points constituant des défis à relever dans notre travail - que ce travail se situe au niveau local ou international, au sein d’un gouvernement ou d’un centre culturel, dans le secteur du développement ou de la culture - nous devrons nous réunir tous ensemble pour faire résonner partout dans le monde l’appel lancé durant cette soirée aux efforts futurs pour le développement humain durbale.

  • Les ministres de la Culture africains ont exprimé leurs espoirs de pouvoir un jour s’asseoir avec les décideurs belges et de l’UE afin de transformer leurs paroles en plans stratégiques et en accords tangibles.
  • La culture, cela a été répété à plusieurs reprises, est essentielle pour ancrer le changement et le développement dans la dignité pour tous - sans laquelle aucune politique ni développement peuvent être durables. Ceci appelle à plus de soutien et de renforcement des artistes et de leurs structures, pour les rendre plus professionnels et plus forts. Ceci appelle également à une approche qui en même temps est ancrée dans l’universalité des droits humains et au respect authentique de la pluralité des trajectoires.
  • La culture est créativité et expression, en même temps elle est un pont entre les gens et les communautés et un défi au statu quo existant. En tant que telle, elle est un facteur indispensable au développement.
  • L’importance de la culture va au-delà de l’art. Cette première comprend également une prise de conscience de la façon dont les identités (culturelles) informent les gens dans la perspective qu’ils veulent se développer. « Ces luttes sur l’identité culturelle, si elles ne sont pas gérées ou mal gérées, peuvent rapidement devenir une des plus grandes sources d’instabilité au sein des Etats et entre Etats - et ainsi déclencher un conflit qui peut mettre à mal le développement. » (HDR 2004, Cultural liberty in Today’s Diverse World)
  • Afin de permettre à la culture de jouer son rôle de renforcement et d’émancipation des sociétés, il est primordial que les artistes et les initiatives culturelles aient l’ambition de toucher les publics en-dehors des grosses métropoles. D’où l’importance de la décentralisation, d’approches innovantes pour intégrer l’art dans la vie quotidienne des citoyens, des réseaux internationaux...
  • La culture est aussi vecteur d’opportunités économiques, même si elle ne l’est pas d’une manière simple. Elle exige des infrastructures et un cadre juridiques afin de développer son potentiel, et elle nécessite un marché.
    Et nous savons tous que les marchés mondiaux sont tout sauf libres et égaux, donc il faut également que les politiques soutiennent le potentiel des artistes et créateurs venus du monde entier pour qu’elles tiennent leur promesse, non seulement en termes artistiques, mais aussi économiques.
  • Afin de permettre à la culture de jouer son rôle crucial dans le développement humain, nous avons entendu à quel point il est important de l’inclure dans le nouveau cadre de développement - les Objectifs de Développement Durables - qui sont en cours d’élaboration à l’ONU. Ces objectifs encadreront le travail de développement à l’échelle mondiale après 2015 et seront universels. Qu’on les laisse aussi profondément humains que possible. Je dirais : envoyer plutôt les clowns que les troupes.

Textes à télécharger

- Discours de Sa Majesté la Reine des Belges
- Discours de M. Alexander De Croo, Vice-Premier Ministre et Ministre de la Coopération au Développement
- Discours d’introduction de Gie Goris (modérateur du débat)- Brochure de l’événement du 17/01 
- Biographies des intervenants

 

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Une initiative de la Coopération belge au Développement, avec le soutien de l’Union Européenne, et organisée par Africalia.