« Paul Panda Farnana, une vie oubliée » est une bande dessinée collective qui dévoile l’histoire de ce héros congolais méconnu, écartelé entre la Belgique et le Congo, et précurseur de la lutte pour les droits de l’Homme. Car qui connaît le parcours de cet homme exceptionnel, premier Congolais à avoir fait des études supérieures en Belgique ?
Après le succès de la BD « Congo 50 », BD Kin Label – partenaire d’Africalia de 2009 à 2014 – se lance dans cette nouvelle aventure. Paul Panda Farnana reprend vie grâce (...)
« Paul Panda Farnana, une vie oubliée » est une bande dessinée collective qui dévoile l’histoire de ce héros congolais méconnu, écartelé entre la Belgique et le Congo, et précurseur de la lutte pour les droits de l’Homme. Car qui connaît le parcours de cet homme exceptionnel, premier Congolais à avoir fait des études supérieures en Belgique ?
Après le succès de la BD « Congo 50 », BD Kin Label – partenaire d’Africalia de 2009 à 2014 – se lance dans cette nouvelle aventure. Paul Panda Farnana reprend vie grâce à Antoine Tshitungu Kongolo, historien et chercheur congolais ainsi qu’aux bédéistes de BD Kin Label : Asimba Bathy, Djemba Djeis, Dody Lobela et Yann Kumbozi.
Les artistes ont suivi deux ateliers d’accompagnement artistiques en 2013, animés par Eric Warnauts, professionnel belge de la BD. Ils ont travaillé sur la planification des phases de réalisation (crayonné, encrage, colorisation des planches) et la répartition des planches.
Après son lancement à Bruxelles le 17 janvier 2015 lors de l’ouverture de l’Année Européenne pour le Développement, la BD sortira en fin d’année au Congo. « C’est très important que Panda Farnana soit mieux connu de la jeunesse congolaise. Il fut un altruiste qui s’est battu pour l’émancipation de l’Afrique autant que Patrice Lumumba, Simon Kimbangu ou Kwame Nkrumah. » insiste Dody Lobela.
Aujourd’hui, il existe plusieurs livres et documentaires racontant sa vie et une œuvre du Pavillon belge de la Biennale de Venise lui rend hommage.
Ayoko Mensah, de passage en RDC, est partie rencontrée les bédéistes à Kinshasa et à Kisangani. Vous pouvez lire son article "Paul Panda Farnana, une BD collective pour un héros congolais méconnu" ci-dessous ou le télécharger en pdf ici.
« Paul Panda Farnana, une vie oubliée », c’est sous ce titre que la bande dessinée collective, soutenue et produite par Africalia, a paru il y a quelques mois. Une œuvre captivante qui dévoile le parcours de vie d’un héros congolais méconnu, écartelé entre la Belgique et le Congo, et précurseur de la lutte pour les droits de l’Homme.
« Ils m’ont affublé d’un surnom terrible : "Mundele Ndombe", le Blanc à peau noire ». Grâce à la bande dessinée réalisée par l’historien et chercheur congolais Antoine Tshitungu Kongolo, et les bédéistes Asimba Bathy, Djemba Djeis, Dody Lobela et Yann Kumbozi, le personnage historique de Paul Panda Farnana reprend vie et nous devient proche.
Qui connaît l’exceptionnel parcours de ce fervent nationaliste, agronome de formation, né en 1888 dans le Bas-Congo ? Conduit en Belgique dès l’âge de 7 ans, il fut le premier Congolais à y faire des études supérieures avant de retourner dans son pays y occuper un poste de haut fonctionnaire au sein de l’administration coloniale belge. Il découvre alors les réalités de la servitude des Congolais qu’il n’aura de cesse de dénoncer et de vouloir améliorer. Ecartelé entre la Belgique et le Congo, Panda Farnana se trouve finalement rejeté de part et d’autre. Fait prisonnier durant la première Guerre mondiale, puis libéré, il passera le reste de sa vie à lutter pour l’émancipation des Congolais et des Noirs, en militant notamment au sein du mouvement panafricaniste.
Reconnaissance et professionnalisation
« Lorsqu’Antoine Tshitungu m’a donné un livre sur Panda Farnana, j’ai tout de suite eu envie de travailler sur ce personnage » se souvient Asimba Bathy, à l’initiative, avec l’écrivain, du projet de la bande dessinée. Africalia, qui appuie dès 2009 le collectif BD Kin Label, s’engage avec enthousiasme dans cette aventure. Après le succès de l’album « Congo 50 » sur l’histoire de l’indépendance, ce nouveau projet souhaite renforcer encore davantage la reconnaissance et la professionnalisation du collectif de bédéistes.
Sur les 35 dessinateurs que compte l’association BD Kin Label, les porteurs du projet, Antoine Tshitungu et Asimba Bathy, sélectionnent trois d’entre eux pour participer à l’aventure éditoriale : Djemba Djeis, Dody Lobela et Yann Kumbozi.
Tandis que l’historien renommé travaille sur le scénario de la bande dessinée, les dessinateurs commencent un long travail de recherche et de documentation sur le Congo et la Belgique du début du 20ème siècle. Architecture, modes vestimentaires, voitures, ameublements, décoration… chaque dessin doit refléter l’esprit du temps. Asimba Bathy, directeur de BD Kin Label, part sur les traces de Panda Farnana, en se rendant jusqu’à Nzemba, son village natal dans le Bas-Congo, où l’activiste est également mystérieusement décédé en 1930. Bathy y découvre sa tombe à l’état d’abandon, à l’image de son souvenir oublié par la population congolaise. Des intellectuels congolais et européens décident de se mobiliser pour restaurer la tombe, édifier un mausolée et surtout faire revivre la figure de Panda Farnana dans l’histoire et la mémoire congolaises.
Un esprit collectif
Grâce à l’appui d’Africalia, deux ateliers d’accompagnement artistiques, animés par l’auteur de bande dessinée belge, Eric Warnauts, sont organisés en juillet et novembre 2013. Les dessinateurs y travaillent ensemble la planification et le suivi des phases de la réalisation graphique de l’album (crayonné, encrage, mise en couleurs des planches) et se répartissent l’illustration des différentes périodes de la vie du grand homme.
Cet esprit collectif est au fondement même de la création de l’association BD Kin Label en 2007. « Entre les années 1980 qui virent le succès de la BD Jeunes pour Jeunes et la naissance de notre collectif, il y a eu une longue période désertique pour notre art au Congo », rappelle Asimba Bathy.
Dès sa création, BD Kin Label porte deux objectifs principaux : réunir et fédérer les dessinateurs de BD installés dans les différentes provinces du Congo et donner à ces talents une visibilité nationale et internationale. Pour cela, le collectif publie régulièrement deux magazines : Kin Label et Amazone BD, ce dernier étant réalisé exclusivement par des femmes. Le succès de ces publications ne se fait pas attendre. Un public jeune et enthousiaste plébiscite ces titres, démontrant du même coup un vaste marché potentiel pour le développement de la BD congolaise. À l’international, les magazines remportent plusieurs prix dont le 3ème Prix mondial du meilleur fanzine au Festival international de la bande dessinée à Alger en 2011. En quelques années, le collectif incarne un renouveau de la BD au Congo, porté par une nouvelle génération de dessinateurs pleins d’humour et d’impertinence.
Entre 2009 et 2014, Africalia accompagne le développement de cette association en soutenant notamment le renforcement de la gestion associative, administrative et financière, les formations en NTIC, écriture de scénarios et dessin, les impressions des magazines et l’édition d’albums.
Après avoir été lancé à Bruxelles le 17 janvier 2015, à l’occasion de l’ouverture de l’Année Européenne pour le Développement, l’album « Paul Panda Farnana, une vie oubliée » fera prochainement l’objet d’une diffusion au Congo. « C’est très important que Panda Farnana soit mieux connu de la jeunesse congolaise », insiste Dody Lobela, dessinateur installé à Kisangani. « Ce fut un altruiste qui s’est battu pour l’émancipation de l’Afrique autant que Patrice Lumumba, Simon Kimbangu ou Kwame Nkrumah. Il nous rappelle qu’il ne faut jamais cesser de lutter pour nos idéaux. »
On ne peut, en effet, que se réjouir de la redécouverte de cette figure exemplaire, à laquelle la bande dessinée devrait amplement participer. Des documentaires et des ouvrages lui sont consacrés tandis qu’une des œuvres du Pavillon belge de la Biennale de Venise, cette année, lui rend hommage.
Ayoko Mensah
[caption id="attachment_1512" align="aligncenter" width="750"] Yann Kumbozi, Djemba Djeis et Asimba Bathy[/caption]